Carte postale de Japon: Les estampes kabuki

Article : Carte postale de Japon: Les estampes kabuki
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20 novembre 2014

Carte postale de Japon: Les estampes kabuki

Le kabuki est une forme de théâtre traditionnel japonais apparue autour de 1600. Il constitue l’une des trois formes dramatiques majeures du Japon avec le nô* et le bunraku**. Il se caractérise par un répertoire dramatique particulier, par de la musique, de la danse et des effets visuels spectaculaires. Ceux-ci jouent beaucoup sur l’exagération, celle des costumes sophistiqués, de maquillages frappants et de perruques extraordinaires. Le jeu des acteurs est emphatique et stylisé, quasi chorégraphique. Les pièces ont pour sujet d’ancien drames ou scandales, placés dans des lieux mythiques ou historiques, et évoquant des conflits moraux, des histoires d’amour, des tragédies ou des événements surnaturels. Le langage employé a des tendances archaïque, dont les subtilités sont parfois intelligibles pour une audience moderne.

Le théâtre kabuki doit une grande partie de sa popularité à la publicité visuelle qui l’accompagne, sous forme d’estampes, parfois de peintures. Ces œuvres appartiennent à la culture qui naît dans la classe moyenne de l’époque Edo***, relative à un univers de loisirs, ukiyo (« monde flottant »). Celui-ci se réfère au mode de vie urbain de la classe moyenne, notamment la recherche des plaisirs dans les quartiers chauds d’Edo et Osaka où se trouvaient les maisons closes et les théâtres kabuki. Les images qui s’y rapportent sont appelées ukiyo-e et incluent des geishas, courtisanes, acteurs de kabuki, samouraï etc. La majorité de ces images sont des xylographies, i.e. des estampes produites à partir de matrices de bois gravé. Elles résultent de la collaboration de plusieurs intervenants : l’éditeur commande une composition à un artiste, qui la dessine sur un papier fin. Celui-ci est transféré par le graveur sur un bloc de bois dur qu’il taille pour ne conserver que le relief des lignes et des zones à imprimer. Enfin, l’imprimeur produit un tirage en appliquant une feuille de papier sur la matrice encrée – contrairement aux Occidentaux, les Japonais n’utilisent pas de presse.

Les premières images de théâtre se limitent à des textes et calligraphies dessinés sur des portes coulissantes. Les premiers « véritables » portraits d’ acteurs apparaissent avec l’ école Katsukawa, notamment de la main de Katsukawa Shonsho (1726-1792), qui produit des effigies « naturalistes », c’est-à-dire reconnaissables. Auparavant, les figures étaient stéréotypées et leurs expressions peu différenciées. L’impression en couleur apparaît aux environ de 1720, d’abord dans les livres illustrés, puis dans les estampes. Elle remplace peu à peu la fastidieuse application des couleurs au pinceau, et constitue une avancée technologique majeure pour les éditeurs d’images commerciales. Les années 1760 sont celles de la maturité de l’impression multicolore à plusieurs matrices (nishiki-e), avec pour conséquence une augmentation considérable de la production et de la diffusion des estampes. Au XIX siècle, la moitié des planches éditées au Japon sont liées au kabuki.

*Théâtre classique d’origine populaire, destiné à l’aristocratie militaire, employant notamment des masques.

**Théâtre de marionnettes né à Osaka.

***Ancien nom de Tokyo, utilisé jusqu’en 1868.

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